Conférence-Débat de Bernard Kouchner sur l’après « Covid-19 en Visio-Conference a l’Europe de COM School of Business
Après avoir réussi son adaptation aux circonstances exceptionnelles provoquées par la pandémie « COVID – 19 », en assurant tous ses cours en ligne et en temps réel, l’Université Européenne de Tunis a repris ses conférences habituelles sur les sujets d’actualité pour ses étudiants du département: Sciences Po Tunis, Europe de Com. School of Business et Vatel Tunis.
En l’occurrence, une visio-conférence suivie d’un débat sous le thème :« Covid- 19: La mutation et les changements dans la Société, la Politique et l’Economie Mondiale», a été organisée le vendredi 17 avril 2020 sur la plateforme de l’Université Européenne de Tunis. Cette visio – conférence a été assurée par Bernard Kouchner, médecin et ancien ministre français des Affaires Étrangères, de la Santé et de l’Action Humanitaire, cofondateur de « Médecins sans Frontières » et de « Médecins du monde», ancien député européen, haut représentant aux Nations-Unies, et représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU.
Le conférencier a essayé, à travers son exposé, d’analyser les répercussions de la pandémie « COVID -19 » qui depuis sa première apparition en Chine en décembre 2019, n’a pas arrêté de bouleverserla planète. Cette maladie infectieuse, qualifiée de pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé, a des répercussions profondes sur le plan sanitaire, social et économique. A cet effet, il était question de décrire l’état des lieux, d’une part, et de dégager les perspectives éventuelles, d’autre part.
Selon M. Kouchner l’ampleur des dégâts sanitaires n’est plus à démontrer. Avec plus de deux millions de personnes infectées et plus de cent cinquante milles de personnes décédées, la pandémie COVID – 19 est la plus grande crise sanitaire à l’échelle mondiale depuis un siècle, Par ailleurs, la Tunisie s’en sort plutôt pas mal pour le moment, et devrait continuer à fournir les efforts nécessaires a déclaré l’ancien ministre.
Les causes de cette situation chaotique sont multiples : la rapidité exceptionnelle de la contagion, la réaction trop tardive de l’organisation mondiale de la santé et des différents décideurs politiques, le manque manifeste des équipements sanitaires nécessaires, la sous estimation de l’ampleur de la pandémie….
La chine, premier pays touché par le virus, a pu endiguer la crise sanitaire, tout en enregistrant des dégâts moins importants que ceux des pays européens ou des Etats unis d’Amérique.
La communauté internationale serait amenée alors, à agir dans l’incertitude. En effet, le nombre des personnes contaminées est beaucoup plus important que le nombre des cas de contaminations déclarées (les personnes asymptomatiques). Jusqu’à présent, il n’y ni un traitement, ni un vaccin, dont l’efficacité serait scientifiquement prouvée.
Pour le moment, les démarches préventives sont les seules solutions possibles. Il s’agit d’imposer le confinement (le nombre de personnes confinées avoisine les trois milliards et demi de personnes) et de respecter scrupuleusement la distanciation sociale et les règles d’hygiène.
Le conférencier s’est projeté dans l’avenir afin d’avancer certaines propositions dont la communauté internationale et les politiques publiques de chaque Etat devront en tenir compte.
Tout d’abord, il serait impératif de bien préparer le déconfinement d’une manière progressive, en commençant éventuellement par les régions les moins contaminées ou en fonction de la classe d’âge en imposant le confinement aux personnes les plus exposées. Les gestes barrières et la distanciation sociale demeurent, toutefois, indispensables tant que la communauté scientifique n’a pas encore trouvé le traitement efficace.
Par ailleurs, les politiques publiques des différents Etats devront tenir compte des dégâts économiques, causés par la pandémie, provoquant la chute du PIB, la fermeture des entreprises, l’accroissement du nombre de chômeurs et une régression économique spectaculaire. L’interventionnisme étatique serait alors inéluctable pour soutenir les secteurs économiques les plus sinistrés et afin d’assister les classes sociales les plus défavorisées.
Enfin, en ce qui concerne les relations internationales, le conférencier plaide en faveur d’une solidarité entre les différentes nations dans le domaine de la recherche scientifique. L’Union Européenne devrait resserrée les liens entre ses différents Etats membres par la mise en place d’une politique sanitaire commune ou ce qu’il appelle « L’Europe de la santé ». De leur côté, les Etats africains devront adopter des mécanismes de coopérations appropriés. Les réflexes nationalistes et égoïstes, constatés au début de la crise, sont contestables. Le COVID 19 est un défi lancé à toute l’humanité et auquel elle est appelée à réagir d’une manière solidaire, et ce, par une coopération étroite tant sur le plan régional que sur le plan international.